Deux individus attendent dans un sous-sol sans fenêtres. Qu’attendent-ils ? Ils semblent avoir un passé commun bien établi, bien rôdé.
Ils sont ici pour la première fois, mais pour y accomplir une action qui, elle, se répète. Avec un déroulé bien ajusté. Tout est prévu… Tout sauf une menace venue de l’extérieur qui se manifeste par des commandes inhabituelles. Dès lors, la belle horlogerie se détraque, l’entente des deux aussi, jusqu’à… « Le Monte-Plats » fait partie, comme beaucoup d’autres œuvres de Pinter, du théâtre de la « menace ». Dans un univers banal (ici une cave –ou ce qui semble être une cave), une menace extérieure va venir déranger une situation arrêtée. Derrière les mots, souvent quotidiens, derrière le décor, qui laisse peu d’issue à l’incertitude, vont surgir des menaces venues d’on ne sait où pour bouleverser un microcosme figé.Pinter met-il en place des mécanismes pour « remuer » l’immobilisme de notre société ? Veut-il montrer l’inutilité du principe de précaution, puisque quoiqu’il arrive la menace gagne ?Nous avons voulu renforcer le huis-clos de ces deux êtres pris dans leurs habitudes en supprimant toute intervention extérieure dans le théâtre. Comme les deux personnages du « Monte-Plats », c’est sur scène que tout se passe, d’où tout doit provenir. Le spectateur ne sait pas à l’avance d’où vient la menace, d’où vient la lumière.
Nous récréons ainsi à la fois un univers inquiétant et surprenant. Le suspens doit être de tous les instants.C’est pourquoi tout est dirigé par les acteurs : la régie (lumière et son) fait partie du décor, est cachée dans le décor, les accessoires. Même la menace (le monte-plats) surprend les personnages et les spectateurs à son arrivée. Nous faisons surgir le texte de Pinter, plein d’inattendus et de non-dits, de la même manière : du tréfonds des personnages, comme s’ils ne maitrisaient rien, que les mots qui sortent malgré eux et qui touchent le public par leur humour et le suspens qu’ils génèrent.
Public et acteurs sont cette fois dans le même bateau.
Distribution :
Ben : Jacques Chauvin
Gus Bernard Monforte
Le spectacle a été entièrement créé par les deux comédiens.